J’suis qui?
Honnêtement, j’ai aucune foutue idée de ce que je fais ici.
André et les gars cherchaient des collaborateurs pour faire des chroniques sur des sujets d’actualité relatifs à la culture geek, et ils m’ont approché, moi, le gars qui a probablement le moins de knowledge dans le domaine. Check; j’ai jamais ouvert une bande dessinée de ma vie, je connais à peu près 7 personnages de Star Wars, je bois beaucoup trop (d’alcool et de café), je sacre trop, j’abuse clairement du franglais dans ce que j’écris, et j’ai une forte tendance à être un très mauvais troll sur les réseaux sociaux. Tout ce que j’ai fait, c’est un jour écrire un texte fumant sur les dick pics, ce qui m’a valu mon 15 minutes de gloire, et maintenant les gens pensent que je suis un full fledged blogueur. En tout cas, je vous aurai avertis.
Par contre, s’il y a une chose que je suis en mesure de faire, c’est donner mon opinion sur des sujets divers qui font que deux fils se touchent dans mon cerveau. Et comme première chronique au sein du Geek Collectif, j’ai pensé vous ressortir une belle lettre d’amour que j’avais écrite à une fille un peu trop hippie que j’avais rencontrée dans un bar au hasard, et avec qui j’ai eu une discussion fort intéressante sur nos amis du café, Starbucks.
Pour ceux qui ne sont pas au courant, mon prénom est apparemment un mot extrêment difficile à épeller pour le commun des mortels. Et comme vous le savez probablement, il est coutume chez Starbucks pour le barrista d’écrire votre nom d’une façon démesurément botchée, de manière à ce que vous preniez une photo de votre verre et l’affichiez sur vos médias sociaux favoris avec 2-3 hashtags du genre #Starbucks #Alphabet #Illettrés #DicksOutForHarambe #omgwtflol, et j’en passe. En voici un exemple;
Le contexte
Donc, comme setup pour faire rire les comparses qui ont le privilège de me suivre sur Facebook, j’ai décidé par un beau matin, de produire mon propre verre Starbucks avec mon nom massacré dessus, et ça a à donné ceci;
J’ai posté cette photo là sur mon wall, et la hippie à qui j’avais conversé dans le bar la veille, qui m’a bien évidemment stalké, trouvé et ajouté comme ami Facebook, n’a pu s’empêcher de me donner son opinion concernant les conditions de travail des employés de Starbucks, et comme quoi en achetant mon café de chez eux, j’étais, en gros, le diable incarné qui encourageait les giga-corporations à s’enrichir, appauvrissant la classe moyenne, et pour une raison obscure et sans aucun lien, contribuant à la maltraitance des animaux et la traite de leurs fourrures. Je vous fais un solide résumé des sottises qu’elle m’a envoyées, parce que c’était plus explicite et parfois très méchant à mon égard.
C’est fou pareil quand on y pense, non? Une personne que j’avais rencontrée depuis moins de 24 heures, qui était à toute fin pratique une inconnue, se permettant de me véhiculer librement son discours de propagande de militantisme extrémiste, sans toutefois apporter de solutions concrètes à la résolution du »problème » (qui vraisemblablement se trouve entre ses deux oreilles).
C’est ça que ça fait, les internettes, les amis. L’absence de conséquences, l’anonymat, et l’accès facile à un ordinateur font en sorte que n’importe qui peut s’improviser keyboard warrior du jour au lendemain, et tapper son lot de bullshit dans une conversation, sans réellement y apporter de valeur ajoutée. C’est pas comme si sa tentative de me sensibiliser avait vraiment fonctionné anyway, mais c’est pas non plus en envoyant des messages de haine à des purs inconnus concernant leurs choix de cafés qu’elle va faire avancer sa cause non plus.
Bref, ce matin là, c’était relativement tranquille, et je dois avouer qu’elle m’avait un peu tilté avec ses commentaires de peace and love, j’ai donc décicé d’écrire cette missive et de lui dédier. Enjoy.
…et la fameuse « lettre »
Chère hippie,
Ce matin, j’ai cru divertissant et humoristique le fait de publier sur mon mur Facebook une photo de mon verre à café Starbucks avec un message cocasse écrit dessus.
Le but de cette publication étant bien sûr de faire rire mes amis virtuels en ce mercredi matin plutôt maussade et humide. Et crois-moi, ça a bien fonctionné. Beaucoup de gens ont aimé, commenté et ont ajouté leur grain de sel à la blague.
Mais pas toi, hippie.
Tu tenais absolument à m’envoyer un message en privé, me démontrant clairement ton désarroi, à l’effet que je faisais publiquement la propagande d’une compagnie qui était, selon toi, «éthiquement inacceptable ». Bien que tes affirmations puissent s’avérer véridiques, et qu’en temps normal, j’aurais simplement répondu un « lol » pour te donner l’illusion que je lisais réellement la discussion qu’on avait, tu m’as pris au dépourvu, et dans un moment ou j’avais une envie incontrôlable de te troller.
Alors, hippie, on va mettre plusieurs choses au clair.
Oui, dans les grosses corporations, c’est pas toujours rose. On entend des rumeurs. Des rumeurs à l’effet que le traitement réservé aux employés sous-payés est à la limite de l’acceptable du côté éthique. Ceci n’empêche pas une chose; le café de chez Starbucks, il est excellent. Il est toujours frais, goûte toujours la même chose, et est incomparable à l’espèce de morve qu’on nous sert chez McDonald’s ou Tim Horton’s.
Chacun a droit à son opinion, hippie.
Cependant, ce qui me les gonfle royalement, c’est que chaque fois qu’une compagnie connaît un succès commercial, toi et ta gang de pouilleux deviez absolument vous manifester avec vos tentes, vos piquets et vos cheveux crasseux parfumés à l’huile essentielle de cactus claustrophobe nain d’Indochine, en revendiquant des causes perdues qui, malheureusement, ne changeront absolument rien au fait que Starbucks fait pas mal plus de cash que ta mère, et existera pour bien longtemps encore.
Je comprends la gamique … tu es en faveur du café équitable, du développement local, du macramé et de l’artisanat à petite échelle. Cependant, il faudrait que tu arrêtes de jouer à l’autruche et que tu regardes la réalité en face; Starbucks est rendue une corporation internationale pour plusieurs raisons; leur réseau de distribution (êtes-vous déjà allés à New York? Il doit y avoir 2 Starbucks par habitant à Times Square), leur recette marketing (aussi banale soit-elle; massacrer des noms de gens pour les inciter à publier une photo de leur verre à café sur les réseaux sociaux – smart move!), mais surtout, la qualité de leur produit. Si Starbucks servait des grains semi-infusés à l’eau de vaisselle recyclée, ils auraient mis la clé dans la porte depuis longtemps, crois-moi.
Hippie, je ne comprends pas pourquoi tu t’acharnes à critiquer la production de masse et l’expansion des grosses corporations.
Tu as beau te justifier en me disant que «c’est en sensibilisant les gens un à la fois qu’éventuellement le monde va changer», mais je n’en crois pas une miette. C’est très noble et louable comme cause. Mais tant qu’à moi, c’est l’équivalent d’aller à la guerre armé de sling-shots et de sarbacanes, pour te mesurer à des tanks. Tu vas te faire torcher solide. Si par contre, tu en retires un sentiment d’accomplissement personnel, je ne te retiendrai pas, amuses-toi.
Mais ne viens pas me faire chier parce que j’ai dépensé un gros 2.80$ sur un café ce matin. Même si un jour, ton discours de marde me revient en tête, que j’ai une illumination et que je décide de protester vivement à mon tour, rien n’empêche que le chiffre d’affaires de Starbucks n’en sera aucunement affecté.
Hippie, je comprends ton ressentiment … mais la triste réalité est que même si tu interpelles les gens dans la rue et que tu essaies de les convertir à ton mode de vie, j’ai le regret de t’annoncer que tout le temps que tu prends à te faire du mauvais sang pour te battre contre des causes perdues et plus ou moins importantes va te rapporter exactement ceci :
Sweet fuck-all.
Tu veux boycotter Starbucks ? Fais-le. Je ne m’empêcherai cependant pas de consommer ma dose de caféine quotidienne parce que tu décides de le dénoncer. Et crois-moi, j’aurai la conscience tranquille en le faisant.
Sincèrement.
P-S : J’ai trouvé intéressant le fait qu’à la fin de ton message privé, c’était écrit «sent from my iPhone».
Est-ce que ce sont tes parents qui te l’ont procuré, ton iPhone?
De cette minuscule compagnie locale qui s’appelle Apple?
Probablement avec leur «maudit argent sale de capitalistes».
À go, tout le monde, on prend une grande inspiration par le nez.
Sentez-vous cette odeur ?
On appelle ça de l’ironie.
Pis c’est drôle en tabarnak.